Élue, investie à Dihun et Divaskell, maman de 4 enfants bilingues français-breton.
Peux-tu te présenter ? Nous présenter ta famille ?
Je suis bretonne, hennebontaise et maman de quatre enfants scolarisés en filière bilingue français-breton. Nous vivons à Hennebont avec mon mari. Je travaille comme directrice administrative et financière dans une entreprise d’insertion spécialisée dans le réemploi du livre et je suis aussi élue à la ville et à l’agglomération et investie dans plusieurs associations, notamment Divaskell Breizh (la fédération d’associations de parents d’élèves des écoles bilingues de l’enseignement catholique) dont j’ai été vice-présidente pendant deux ans. Ça représente un emploi du temps bien chargé !
Peux-tu nous en dire plus sur l’association Divaskell Breizh ?
J’ai participé à la création de l’association régionale Divaskell qui fédère les associations locales de parents d’élèves bilingues de l’enseignement catholique (associations Dihun et Divaskell). L’objectif de Divaskell est d’aider les associations locales à se structurer, à communiquer et d’aider à la création d’association de parents d’élèves là où il n’y en a pas encore. Cela permet de créer une dynamique pour promouvoir l’enseignement bilingue français-breton.
Comment s’est fait le choix de la filière bilingue français-breton pour scolariser vos enfants ?
Sachant que l’école Saint-Gilles proposait une classe de maternelle bilingue français-breton, j’ai choisi cet établissement pour la petite section de mon fils. Je pense qu’il est important que mes enfants connaissent la langue de leurs grands-parents. Comme ça s’est très bien passé pour mon fils ainé, j’y ai inscrit aussi mes 3 autres enfants quand le moment fut venu et je me suis investie dans l’association de parents d’élèves bilingues de l’école : Dihun Sant-Jili.
La suite de leur scolarité s’est passée au collège privé de Languidic pour l’ainé puis au collège public d’Hennebont lorsqu’il a ouvert une filière bilingue français-breton. Il n’y a pas d’imperméabilité entre les filières. Elles suivent toutes le programme de l’éducation nationale donc il est tout à fait possible de passer du privé au public. Le collège public est très proche de la maison et propose une filière bilingue, donc pour moi, et pour le confort de mes trois jeunes enfants, c’était plus logique de choisir cet établissement.
Votre choix a-t-il étonné votre entourage ?
Lors de la scolarisation de mon ainé en classe bilingue, c’était il y a 15 ans de ça, ce n’était pas encore une démarche très courante. Mon entourage connaissait mon engagement pour la culture et la langue bretonne donc ils n’ont pas été surpris. Par contre, ma grand-mère paternelle n’a pas compris ma démarche. Pour elle, parler breton était synonyme des stigmatisations qu’elle avait vécues à l’école. C’était une langue taboue et honteuse. Elle n’a d’abord pas compris mon choix. Mais ma démarche a été l’occasion de reparler avec elle de ce qu’elle avait vécu, et de lui faire prendre conscience que ce n’était pas normal d’avoir subi ces brimades. La société devrait être bilingue aujourd’hui, comme elle l’était du temps de ma grand-mère, mais avec la fierté en plus !
Tu as remarqué des facilités d’apprentissages d’autres matières chez tes enfants du fait d’être bilingues ?
Comme ils sont confrontés très tôt à la langue bretonne et qu’ils ont des cours d’anglais dès la maternelle aussi, il est évident qu’ils ont acquis très tôt une logique, une souplesse d’esprit pour passer d’une langue à l’autre. La langue bretonne est très imagée et la construction de la phrase est plus souple. Les enfants ne sont pas formatés à former leurs phrases uniquement dans l’ordre “sujet + verbe + compléments”. Ça leur permet de penser les choses différemment et de comprendre qu’on peut faire différemment.
En ce qui concerne les autres matières, chaque enfant est unique et apprend de manière différente. Je ne peux pas dire que j’ai remarqué un bienfait plutôt qu’un autre sur l’apprentissage de mes enfants, bien que je connaisse les avantages décrit par les pédagogues concernant les facilités à l’abstraction, pour les mathématiques par exemple.
En revanche, l’ouverture d’esprit et l’ouverture au monde, elle est là ! Ce sont peut-être aussi les projets de l’école de mes enfants qui ont amené ça. Par exemple, il y a eu des échanges Erasmus+ dès la primaire, avec un voyage en Espagne pour ma fille quand elle avait 9 ans.
As-tu eu des inquiétudes ? Peur de ne pas pouvoir suivre la scolarité de tes enfants ?
J’avais quelques notions de breton dès le départ donc je savais que pour compter, les couleurs et les comptines, j’allais pouvoir suivre (*rires*).
Pour la suite, je me suis dit que c’était un bon moyen d’autonomiser mes enfants dans leur apprentissage et aussi de leur donner confiance en eux. C’est très gratifiant pour les enfants d’être celui qui apprend quelque chose à l’adulte !
As-tu des souvenirs amusants de l’apprentissage de tes enfants en filière bilingue ?
Parfois, les enfants, lorsqu’ils sont tout petits, ne savent pas trop dans quelle langue ils parlent. Ils annoncent qu’ils vont parler en anglais et en fait font une phrase en breton. Ou mettent des mots de breton dans une phrase en français. “Oh regarde maman un maligorn ! “ (un escargot). C’est assez drôle. Ils vont au plus simple pour eux et passent d’une langue à l’autre avec aisance. Ça prouve que ce n’est pas un effort pour eux.
Avez-vous l’occasion de faire des activités en langue bretonne en dehors de l’école ?
Avant d’être vice-présidente à Divaskell Breizh (jusqu’en octobre 2022), j’ai été présidente de Dihun Sant-Jili. Nous avons organisé des projections de dessins animés et des journées d’activités (balades à pied, en péniche…) avec la ville, Emgleo, la filière bilingue publique Div Yezh, et la filière associative Diwan. Ces journées étaient l’occasion pour les enfants d’entendre et de parler breton en dehors de l’école et de rencontrer d’autres enfants de leur âge qui parlent aussi breton dans les autres écoles de la ville.
Il y a aussi l’atelier de construction de bois Spered an Natur où Géraldine nous accueille en breton. J’y suis allée la dernière fois avec mes deux plus jeunes enfants pour un atelier de fabrication de panier en bois pour partir ensuite à la chasse aux œufs de Pâques.
La ville voisine de Plœmeur organise aussi parfois des animations en langue bretonne ou des projections auxquelles nous nous rendons à l’occasion.
C’est important pour les enfants de voir que la langue bretonne vit en dehors de l’école.